Peu de personnes peuvent aspirer au titre de connard absolu. Cette distinction fort enviée ne peut en effet être décernée à toutes les raclures en mal d’identité. Elle est l’apanage aux salauds influents dont les décisions malhonnêtes et imbéciles ont des répercussions sur des millions de personnes. À l’inverse de la légion d’honneur, la décoration de connard absolu se mérite. Et bien que souvent réservée à des simplets à col blanc, elle ne constitue pas une sinécure : enlaidir le monde plus qu’il ne l’est déjà est un sacerdoce vicieux, un sacrifice de tous les instants.
On ne récompensera désormais que peu les prestations des politiciens, toutes dévouées soient-elles, à ruiner à grande échelle. Après des prédécesseurs tels que Bush et Berlusconi, il s’agit pour le titre de connard absolu de trouver des candidats à la hauteur et de devenir l’ultime preuve d’une connasserie incontestable et résolument irresponsable. Aussi, avec un bel enchaînement d’âneries irresponsables, le nom du Connard de l’année est déjà su en Mars. Il a su user de l’influence que lui conféraient ses nombreux titres pour vaincre haut la main la brochette d’enflures que la crise nous a portant servi sur un plateau d’argent : il est vicaire du Christ, successeur de saint Pierre, archevêque et métropolitain de la province de Rome et de l’Etat du Vatican, souverain patriarche de l’Occident et primat d’Italie. Benoit XVI.